En 2019, l’ensemble vocal à voix égales Para L’Elles, dirigé par Agnès Blin, commande à Nathalie Biarnés l’œuvre pour chœur et harpe Le chemin de l’amour, sur un poème de Sabine Sicaud. Cette œuvre est créée le 8 mars 2020, lors d’un premier concert dédié aux compositrices. Elle sera éditée aux Éditions À Cœur Joie.
Sabine Sicaud (1913 – 1928), née à Villeneuve-sur-Lot et morte à 15 ans, est un cas littéraire surprenant. Lauréate du Jasmin d’Argent à l’âge de 11 ans, puis des jeux Floraux de France, Sabine reçut les hommages d’Anna de Noailles qui écrivit la préface aux Poèmes d’enfants publiés en 1926. L’univers de Sabine est, à cette époque-là, celui des animaux et des plantes, de l’espièglerie et de la compassion. Puis, brutalement, ce fut la maladie. Une maladie dure, cruelle, qui transforma l’enfant en adulte martyrisée et le petit poète en grand poète. « Elle écrira les plus beaux poèmes qui soient de la souffrance et de la mort », nous dit Robert Sabatier. Inoubliables par leur force, leur sincérité et la profondeur de leur vision, ces poèmes transcrivent l’expérience nue de l’inexorable. [Biographie tirée de : AYRAL-CLAUSE, Odile. (1996). Sabine Sicaud : le rêve inachevé. Bordeaux : Les dossiers d’Aquitaine. ISBN 2-905212-30-6.]
Le chemin de l’Amour
Amour, mon cher Amour, je te sais près de moi
Avec ton beau visage.
Si tu changes de nom, d’accent, de cœur et d’âge,
Ton visage du moins ne me trompera pas.
Les yeux de ton visage, Amour, ont près de moi
La clarté patiente des étoiles.
De la nuit, de la mer, des îles sans escales,
Je ne crains rien si tu m’as reconnue.
Mon Amour, de bien loin, pour toi, je suis venue
Peut-être. Et nous irons Dieu sait où maintenant ?
Depuis quand cherchais-tu mon ombre évanouie ?
Quand t’avais-je perdu ? Dans quelle vie ?
Et qu’oserait le ciel contre nous maintenant ?